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Séminaire des Chefs d’établissement à Marseille | Enseignement Privé Catholique de Vaucluse Diocèse Avignon (84)

 

 

Séminaire des Chefs d’établissement
du 6 au 18 octobre 2020

Que faut-il en retenir ?

Je dirais d’abord le lieu. L’EMD est une heureuse surprise : dans le quartier Saint-Charles de Marseille, une université privée pour former des cadres de gestion d’entreprise avec une ambition éthique fondée sur l’Evangile.

La chapelle en est le cœur battant. L’Eucharistie y est célébrée chaque jour ; et du corps enseignant transparaissent une réelle convergence de vues et une commune implication dans le projet de cette école.

Ensuite, un thème : « Management éthique ou éthique managériale ? » : Le cadre de l’EMD était idéal pour aborder le thème de ce séminaire, fait de temps d’étude, d’échanges et de convivialité.

Au-delà de toutes les pistes reçues par les Chefs d’établissement à travers les intervenants principaux, il faudrait surtout retenir que, de fait, l’Enseignement catholique, par sa proposition éducative, est une émanation de l’Evangile, et son objectif ultime est l’annonce de ce même Evangile de Jésus-Christ. Appelés à diriger de manière effective, ils ont des critères éthiques qui jaillissent de l’Evangile, et qui, dans la mesure où ils sont pris en compte dans les projets éducatifs spécifiques et leur mise en œuvre, manifestent avec éclat la particularité de l’enseignement catholique.

Le Christ et l’ensemble de l’Eglise comptent sur les chefs d’établissement pour que, sous leur conduite, les communautés éducatives de notre diocèse déploient tout leur potentiel. Elles portent en effet une richesse infinie de par leur fondement christique et leur expérience historique.

Enfin, ce séminaire a été l’occasion de redire qu’être chef d’établissement dans l’enseignement catholique est une vocation ecclésiale ; c’est plus qu’exercer un métier. C’est répondre à un appel pour effectivement être manager, leader, mais à contre-courant des normes actuelles de management, selon un esprit qui est dans le monde, mais non pas du monde.

Le Chef d’établissement dans l’Enseignement catholique est appelé à être au cœur de son école, son collège ou son lycée, comme le Bon Pasteur. Il s’agit pour tous d’être vraiment de bons pasteurs, qui prennent soin de chacune de leur brebis. Les critères de productivité, qui dans l’enseignement peuvent être traduits par les résultats scolaires, ne sont pas premiers. Ils devraient être le résultat du soin donné à chaque enfant dans son originalité, dans son unicité, et en tenant compte sans cesse de sa destinée éternelle.

Le Chef d’établissement, en bon pasteur, porte son attention sur l’ensemble de la communauté, jeunes, adultes, élèves comme encadrants de tous ordres. L’éducation se fait ainsi dans l’élan de la construction d’une communauté.

C’est une tâche colossale, puisqu’il doit l’assumer en même temps que toutes les opérations ordinaires du fonctionnement d’une école. En réalité, ce n’est pas une tâche de plus. C’est un état d’esprit qui est alimenté par un lien fort et suivi à celui qui est le Pasteur.

Pour assumer leur charge pastorale, pour faire de leurs écoles des écoles de communion, c’est-à-dire des lieux où règne la communion et des lieux où l’on apprend à bâtir la communion, les chefs d’établissement sont appelés à être de bons pasteurs, et ils ne peuvent l’être qu’à travers l’unique Pasteur ; et s’il y a une dimension spirituelle qu’ils sont appelés à vivre et à promouvoir, c’est la spiritualité de communion.

Père Pascal Molemb, Vicaire général attaché à l’Enseignement Catholique de Vaucluse

J’ai été très touchée par l’ambiance qu’il y avait pendant le séminaire à l’EMD. Cela m’a fait “respirer” de voir des personnalités très différentes, ayant à cœur leur mission de chef d’établissement en se posant des questions profondes sur l’autorité, la subsidiarité, la liberté etc. tout en observant sur les visages, marqués par le travail de la nouvelle rentrée et des préoccupations du moment, une grande joie de se revoir, rire, chanter, louer, prier et partager des souvenirs !

 

Béatrice CAVARD, Responsable Développement à l’EMD

L’idée qui me vient, au moment d’évoquer le bonheur de ces trois jours passés avec les chefs d’établissement de Vaucluse, est que leurs élèves ont bien de la chance d’avoir pour directrice, pour directeur, des personnes qui constituent, quand on les réunit, la classe idéale. Il n’y a sûrement pas de meilleurs éducateurs que ceux qui prennent plaisir à s’éduquer eux-mêmes, à se former, à partager leur savoir et leur expérience pour les reprendre enrichis de l’apport des autres. On sent qu’ils aiment ce qu’ils font, et le plaisir qu’ils avaient à travailler ensemble et avec nous était palpable.

Au début de l’Éthique, Aristote énonce cet apparent paradoxe : le bon auditeur d’une leçon d’éthique est celui qui est déjà vertueux, celui « dont les désirs et les actes sont conformes à la raison ». C’est une manière de dire que l’éthique ne s’apprend pas, en tous cas pas comme on peut apprendre les mathématiques ou le droit : un enseignement d’éthique n’est utile qu’à ceux qui sont déjà tournés vers le bien, non pas en théorie, mais en pratique ; à ceux qui aiment déjà ce qu’ils font, qui prennent déjà soin des affaires qui leur sont confiées. Car ce sont ceux-là qui connaissent les vrais problèmes, qui mettent le doigt sur les vraies difficultés, qui se posent les bonnes questions. Je ne l’avais pas compris si vivement avant ce mémorable séminaire : les experts sont le public rêvé.

J’ajouterai seulement que, sur un plan personnel, cette « communauté éducative » soudée, diverse, joyeuse, au sein de laquelle chacun se sent manifestement libre d’être comme il est, m’a rempli d’espérance. On entrevoit ce qu’il est possible de faire, à l’échelle d’un diocèse, pour renouveler, enrichir, densifier la proposition éducative de l’enseignement catholique. Pour bien travailler, chacun dans son établissement, il ne suffit donc pas d’aimer son travail et de bien le faire : il faut aussi savoir s’extraire du travail pour vivre, partager un repas et prier avec ceux qui font ce même travail. Le philosophe Wittgenstein a écrit : « La lumière du travail est une belle lumière, mais qui ne brille d’une réelle beauté que si elle est éclairée par une autre lumière encore. » C’est exactement ce que nous avons vécu : le loisir et la fête, dont relève, par excellence, l’eucharistie, sont la lumière qui fait briller de sa vraie beauté le travail des éducateurs.

 

Vincent Aubin, Professeur d’Anthropologie à l’EMD

En écho aux propos de Béatrice et de Vincent : ce qui m’a le plus touché, c’est l’énergie de bon nombre de chefs d’établissement et leur réel souci d’évangéliser tous azimuts – professeurs, parents, élèves – Ils sont réceptifs et partagent leurs idées, les conseils et l’aide pour réaliser leur mission. Ils ont l’humilité de crier “au secours” et de demander quand ils le faut un soutien personnel. D’autres, sans doute par pudeur, manifestent moins ce besoin ou ne l’expriment pas publiquement.

J’aimerais, à la suite de Thierry Aillet, votre directeur pour encore un an, insister sur la rationalité propre de l’Enseignement Catholique qui est bien plus qu’une rationalité d’organisation ou de management ; elle est une rationalité de la vie, de l’entraide, de l’écoute, de prière et de liturgie ensemble….. C’est cette rationalité-là, axée sur le développement de chacun, qui doit diriger vos établissements ainsi que la DDEC. Vous êtes déjà une tradition vivante et cela impressionne. Je prie pour que vous continuiez sur cette voie. Si vous cessez d’agir, de vous parler, et d’apprendre ensemble – et de crier au secours ! – vos établissements ne disparaîtront pas comme structures, mais seront en état d’inertie et transmettront peu. Coquilles vides, ils ne seront plus dirigés rationnellement, mais tout juste bons à être managés. Bureaucratiquement.

Gardez, je vous en supplie, votre impressionnant dynamisme de pionniers.

Michaël Shanks, Professeur d’éthique à l’EMD